Alfred et les invisibles

Alfred et les invisibles

 

 

 

Alfred et les Invisibles

« J’aime tellement Paris, c’est beau et les gens sont si gentils! Les Parisiens qui font la gueule comme à
la télé, c’est pas vrai. »

Ces quelques mots lâchés par Alfred font sens à ce que nous, nous ne voyons plus.

Né à Oran il y a 64 ans, de parents espagnols ayant acquis la nationalité Française en Algérie durant la
seconde guerre mondiale, Alfred quitte son Algérie pour la France en 1967. Ce sera même son premier
vol en avion.

Il déménagera souvent, dans plusieurs pays d’Europe même (Suisse, Autriche, Allemagne…) pour
finalement s’installer en Bretagne.

Depuis un plus d’un an, Alfred est à Paris. Il ne donne pas ses vraies raisons, mais il parle avec une
grande douceur, il raconte aussi qu’il a été ingénieur, et puis informaticien. Et c’est là dessus que la
retraite la rejoint. Cette retraite il la vit à Paris, mais il la vit sans toit, sans « chez lui ».

Pourtant il a le sourire, car il vient d’apprendre une « bonne nouvelle »:
« Tu sais, je suis très content. Tu sais pourquoi? Et bien dans le foyer où je suis, des anciens bureaux
aménagés par Emmaüs, je n’avais le droit d’y rester que quatre mois. Hier ils m’ont dit que j’avais
deux mois de plus. Je suis content. »

Je le remercie de m’avoir parlé, et d’avoir rapidement posé pour le portrait. Il pose alors sa main sur
mon épaule et dit: « C’est moi qui te remercie…. »
Puis il se lève, reprend sa canne comme un bâton de pèlerin. Sur sa veste en jean’s, il y a un
autocollant d’Emmaüs. Son gros sac sur le dos, il se dirige paisiblement vers le métro pour regagner
son foyer. En partant, il lâchera des sourires à tout le monde.


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