Tanaïs II

Tanaïs II
  • ARCHIVES d’avant La Photo du Jour, d’avant le 6 Juin 2002.
    Mai 1988, Blanquefort, Gironde.

Je me suis obstiné, des semaines, des mois, sans avoir touché l’appareil. Rien à en faire non plus. C’est ce que je croyais. Mais une fois le moi de Mai arrivé, je repense à cette histoire de trace, de saison, de figer le Monde. La prof d’Arts Plastiques n’a plus jamais parlé de cet histoire d’instantané de la nature, de conservation de traces, des saisons qui passent… J’ai mal compris. Encore. Elle n’en avait rien à faire de mes photos d’arbres, de chemins, de verdures moches ou très moches.
J’ai encore compris de travers, je crois même que je n’ai rien écouté, et que j’ai bien retenu quelque chose que j’aurai bien voulu entendre.
Je me souviens avoir trouvé les couleurs vraiment horribles et même carrément dégueulasses avec cette pelloche. Pourtant, la Gold était le standard à tout faire et à pas cher. J’y connaissais rien. A décharge, j’avais voilé la moitié du film aussi, ça aide pas 😉
Pendant des semaines, le mot « reporter » résonnait dans ma tête, et c’est le moment où j’ai commencé à réver devant les reflex dans l’immense catalogue sans fond de la CAMIF. Je ne sais plus si c’est dans ce catalogue précisément, mais je louchais sur un Nikon F-801. Mon grand-père avait un très bel appareil photo, dont je connaissais l’histoire aussi. Mais je n’osais pas lui demander. Il ne s’en servait pourtant plus beaucoup déjà, mais je pense qu’on me l’aurait interdit, que je n’étais ni soigneux, ni assez responsable.
Bref, ce Nikon 801 de la Camif, je ne l’ai jamais eu, car je n’ai surtout même pas osé le demandé directement. Trop cher, trop beau, trop… Et je ne le méritais surtout pas.
Là, je me contentais d’un Konica Pop, en fin de vie, brisé, poussiéreux, dont je n’ai pas su prendre soin. Car c’était sommes toutes, un bon compact, avec une bonne lentille. Mais ça, je ne le savais pas.

Konica Pop, 36mm F/4 , Kodak Gold 200.
Blanquefort, Gironde, Janvier 1988.